Camping 

S’arrêter. Des campements, le lieu de retrouver les fluides, c’est l’eau et l’électricité, le web aussi, qui dans le même temps viennent vous attacher, casser la route : le fluide comme s’opposant au fluide, les fluides devenus des ancres.

Garées des machines énormes faites pour y faire une autre vie que la vie que l’on a ailleurs, aux roues hautes comme ça pour franchir les pièges de l’outback, celui du fond du rien où nous n’irons jamais. Sur ces choses-là la poussière rouge est signature, la marque distinctive qui dit je reviens de là-bas.

Les vieux réflexes aussi, se parler tout de suite, se dire d’où l’on vient et où l’on va ensuite, si on va quelque part, parce que parfois on ne va nulle part que sur la route elle-même.

Se serrer même un peu : sur les aires du bord bitume là-haut dans le grand centre, on voyait bien le cercle des pionniers toujours là, palimpseste premier mythique mâtiné juste de la distance moderne mais luttant toujours de même contre l’immense vide autour, et ses bruits silencieux, les craquements dont nous avons perdu le sens mais pas la peur.

Ça ne reste jamais longtemps. L’un nous a dit hier il y a toujours beaucoup de monde qui bouge dans ce pays. Dès l’aube des envies de partir, l’appel du loin, et la fatigue qui ne fait pas longtemps le bon poids.

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